La Bricole - Jour de malheur

Revue de presse et témoignages
Il est exceptionnel que je chronique un album après une unique écoute mais leur précédent CD était un de mes coups de cœur et, dès la première plage de celui-ci, avec la petite angoisse que l’on ressent toujours à la découverte d’un numéro 2 lorsque le numéro 1 était une réussite, la magie opère à nouveau… Avec en premier lieu naturellement la voix de Vincent Brusel dotée entre autres de cette faculté si peu souvent mise en avant lorsque l’on évoque les qualités vocales : celle de capter l’attention et de vous amener à suivre les textes, plage après plage. Une qualité essentielle ici compte-tenu de la qualité de ces extraits de vie chantés, de ces témoignages souvent poignants, de ce répertoire original (surtout au sein du domaine musical maritime traditionnel trop souvent limité au « chant de marins ») comportant bien des perles. Il faut préciser que le répertoire interprété nous vient du boulonnais et que nos musiciens ont visiblement sélectionné les chansons les plus réfractaires.
Autour de Vincent Brusel, l’accordéon diatonique d’Olivier Catteau et la guitare ou le bouzouki de Julien Biget, qui tous deux (1) apportent des couleurs qui transforment ces récits maritimes qui pourraient n’être que documentaires en de véritables petits courts métrages… Des accompagnements qui ne cherchent pas à faire ancien ou authentique mais qui mettent plutôt en avant l’intemporalité de la condition humaine. Et naturellement tout cela avec une technique irréprochable : lorsqu’Olivier laisse son soufflet pour emboucher une clarinette, le résultat fait envie à bien des souffleurs de vent… Et tout cela servi par une prise de son et un mixage irréprochables qui réussissent le difficile paradoxe de placer le chanteur en avant sans pour autant reléguer les instruments en arrière ce qui permet de profiter des paroles, de l’ensemble et de chacun. Ajoutons, comme à l’accoutumée chez AEPEM, un livret fourni et documenté, de belles illustrations et mise en page de la violoniste Margaux Lienard… J’ai beau chercher : pas une ombre au tableau…

(1) ainsi que trois invités : le violon de Marc Gosselin, le cor de David Foiche et les percussions de Jessy Adjaoud.

Jean-Luc Matte
http://musette.free.fr/cdcites9.htm#bricole

Un album plutôt addictif !

Dans la continuité de leur premier album, "Ne vous faites pas marins", Aepem 2016, et sur le même type de répertoire, les 3 compères de La Bricole soit Vincent Brusel (chant, mandoline), Olivier Catteau (accordéon, clarinette, chœurs) et Julien Biget (bouzouki, guitare, chœurs) concoctent cette belle et généreuse galette d’une petite quinzaine de titres, chansons traditionnelles pour l’essentiel tirées de cahiers de chansons datées fin 19ème et début 20ème et compositions du même tonneau.
L’une des spécificités du répertoire de La Bricole est son originalité : la plupart des chansons maritimes qu’ils choisissent de revisiter n’a que peu de rapports, d’un point de vue tant mélodique qu’harmonique avec les chants de marins que l’on entend habituellement. On retrouvera néanmoins quelques "classiques", mais dans des versions mélodiques très différentes de celles connues, comme "Trois princesses", "C’est dans la ville de Bordeaux" ou "Partons la mer est belle".

La seconde spécificité réside dans leurs arrangements très actuels qui se nourrissent de couleurs et de rythmes d’ici ou là, des Antilles aux côtes britanniques : une sorte de réinvention du patrimoine local chanté en Français ou en patois Boulonnais. On y trouve même une réappropriation de la chansons très connue "Canebière" signée R.Sarvil / V. Scotto (de l’opérette "Un de la Canebière") avec un texte sur le quartier des marins de Boulogne, La Beurière : "Dins l’Burière". La troisième spécificité réside dans les textes des chansons, une partie d’entre eux rapportant des événements ayant pour certains marqué l’histoire locale comme la très belle "Le naufrage de la Ville-du-Havre".

Pour ce bel album, ils sont rejoints pour quelques titres par Marc Gosselin au violon, David Foiche au cor et Jessy Adjaoud aux bongos, bombo et kayamb. Comment ne pas citer enfin l’une des perles de ce disque,  une chanson datée de 1729, traitée de façon polyphonique, c’est la seule du CD : "Vive le vin", pastiche de chanson à boire populaire signée Pierre-Alexandre Monsigny pour la mélodie et Sedaine pour le texte. Le livret quant à lui est extrêmement bien documenté, comme toujours dans les publications de l’Aepem. Un album plutôt addictif !

François Saddi
5 Planètes : https://www.5planetes.com/fr/disques/la-bricole_658

Un fil commun qui convient bien à ces chansons maritimes

Sous-titré « chansons maritimes du Boulonnais », c'est le deuxième album du trio fondé en 2011 par Vincent Brusel. Ce chanteur et mandoliniste natif de Boulogne-sur-Mer s'intéresse tôt au répertoire portuaire collecté par Michel Lefèvre, qu'il chante avec une voix très reconnaissable depuis le début des années 2000.
Rejoint en 2011 par Olivier Catteau (accordéon, clarinette, chant) et en 2014 par Julien Biget (bouzouki, guitare, chant), il complète les textes fragmentaires et compose ou arrange des mélodies. Le résultat sonne indéniablement populaire ; les mélodies suivent nettement un fil commun qui convient bien à ces chansons maritimes.

Marc Bauduin, Le Canard Folk, août 2020